La génisse, la chèvre et la brebis, en société avec le lion
Pour ce faire, il n’a pas besoin de fortes têtes qui le contredisent ou discutent ses ordres. Celles-ci sont rapidement identifiées et mutées dans un autre service. Finalement, des profils assez lisses, de « bons soldats », dociles et sans trop d’ambition, seront parfaitement adaptés à notre homme. Il pourra les utiliser, les menacer, abuser de leur docilité sans faire trop de bruit tout en s’appropriant les résultats de l’équipe.
En respectant ce principe, un lion eut un jour la brillante idée de s’associer avec une chèvre, une brebis et une génisse (le niveau zéro du courtisan, vous en conviendrez). La première proie capturée et dépecée en quatre parts égales, le lion fit le partage :
« La première part me revient, dit-il, en qualité de Roi.
La seconde aussi, en usant du droit du plus fort.
La troisième pareillement, car je suis l’animal le plus vaillant.
Et que celui qui touche à la quatrième aura affaire à moi ! »
Quelle situation confortable pour ce lion ! Pourtant, c’est bien la chèvre qui découvrit le cerf embourbé dans un lac. Mais qu’importe. Être entouré de plus faibles que soi, aide à asseoir son pouvoir.