Avec Proust, Céline est le second grand écrivain français à avoir répudié complètement l’emploi d’un langage innocent. La littérature n’est que pour communiquer le scandale, l’échec. Quand le procédé de communication est lui-même scandaleux, elle en est aggravée. C’est pourquoi une règle, des lois, autres que la cohérence propre à chaque auteur l’empêchent de s’accomplir. La suite, la reconnaissance, sera affaire de goûteurs ; la moindre part. Céline demeure un criminel impardonné. Son œuvre est refusée comme outrepassant les droits de parole de la littérature.
Dans l’œuvre de Céline, chacun poursuit la mort des autres. Parfois en gros, comme c’est l’habitude à la guerre, plus souvent en détail, par l’assassinat direct et indirect. Faire mourir, laisser mourir : la méchanceté, la cupidité, la bêtise ajoutent leurs effets à ceux de la physiologie. Céline nous montre un monde sans autre projet cohérent que la mort.