« Le conseil de Platon, ce serait d’abord de cesser de croire que l’autre détient la réponse. »
Se faire confiance, faites passer le mot : Le conseil de Platon #lebac #J-80
Vous demandez sans cesse l’avis des autres et êtes incapable de trancher ? Vous êtes toujours d’accord avec le dernier qui a parlé ? Vous vous perdez dans la diversité des points de vue parce que vous attendez que l’un d’eux vous délivre la réponse, la solution clef en main ? Mais faites-vous confiance ! proposerait simplement Platon. Car la vérité est en vous. Elle n’est pas à l’extérieur de vous-même, dans des connaissances dont d’autres disposeraient et pas vous. Souvenez-vous du Ménon, dans lequel Platon expose sa théorie de la réminiscence : il n’y a pas si longtemps, vous viviez aux côtés de cette vérité qu’aujourd’hui vous cherchez ; vous nagiez ensemble dans le grand bain des idées éternelles ! Interprétons ce mythe : il y a en vous, au fond de vous, beaucoup de choses dont vous n’avez même pas conscience. Mais attention : cela ne signifie pas que vous n’avez pas besoin des autres, ni du dialogue avec eux. Vous en avez besoin, mais d’une manière platonicienne : vous avez besoin du dialogue avec les autres pour pouvoir dialoguer avec vous-même, pour que les remarques des autres vous permettent d’accoucher de votre vérité. Vous n’avez pas besoin de dialoguer avec les autres parce qu’ils détiennent la vérité ou la réponse. Le conseil de Platon, ce serait d’abord de cesser de croire que l’autre détient la réponse, la vérité, sans pour autant cesser de se tourner vers lui. Dans la plupart des dialogues de Platon, Socrate ne délivre pas la vérité, il délivre ses interlocuteurs de leurs préjugés, les aide à entendre les contradictions de leur discours. Il ne délivre pas « quelque chose » : il délivre de quelque chose. Faites-vous confiance, dialoguez avec les autres et attendez ce moment où surgit l’évidence : celle qui indique que vous « reconnaissez » quelque chose. Cette évidence, bien sûr, ne vient pas tout de suite. Autrement, ce serait une simple opinion, et c’est ce que Platon combat : cette opinion première, qui est, comme il l’écrit dans le Philèbe, « du genre du cri ». Cette évidence vient après un certain temps, à la manière d’une récompense : alors, on ne peut pas ne pas la voir.