Dans 66 jours, le Bac – Le conseil de Descartes

Vous êtes incapable de trancher, souffrez d’irrésolution et donc d’immobilisme ? Vous changez toujours d’avis, ne vous tenez jamais à vos décisions ? Alors pensez à cette image que Descartes, pour qui « l’irrésolution est le pire des maux », emploie dans le Discours de la méthode. Évoquant un homme égaré dans une forêt, il explique que la meilleure attitude est de choisir une direction et de s’y tenir. Autrement, le risque est trop grand de ne jamais en sortir, de changer de direction tout le temps et de tourner en rond. Si vous ne parvenez pas à vous décider, c’est parce que vous êtes en quête d’absolu, de solution parfaite : vous attendez d’être sûr de l’avoir trouvée pour agir en conséquence. Mais le monde dans lequel nous vivons et agissons n’est pas le monde de l’absolu, des vérités éternelles. Il faut distinguer, comme chez Aristote d’ailleurs (le premier philosophe que Descartes étudie, dès huit ans, au collège de La Flèche), la philosophie métaphysique de la philosophie de l’action en ce monde. D’un point de vue métaphysique, il existe peut-être un absolu, une perfection… Mais la philosophie morale ou quotidienne poursuit un tout autre but : nous donner les repères minimaux pour agir. C’est pour cela que Descartes parle de la « morale provisoire ». Si nous devions attendre, pour agir, d’être sûrs de nous, nous n’agirions jamais, nous resterions immobiles au cœur de la forêt. D’attendre la lumière de la certitude, nous finirions par mourir de froid ou de faim. La grandeur de notre action ici-bas, c’est d’agir dans l’incertitude. Cela n’est pas facile, mais c’est notre condition. Nous ne vivons pas dans la vérité, nous ne sommes pas des dieux.