Le loup et le renard
Mais alors ou en placer le seuil ?
Pas très haut, répond le courtisan qui, en bon casuiste, n’hésite pas à combiner l’aphorisme de
Sophocle avec un autre qu’il est toujours prompt à sortir de sa boîte à outils : « la fin justifie les moyens ». Ainsi équipé, tout ce qui lui importe justifie le mensonge : la perte d’un client, un chiffre d’affaires à la baisse, ou une opportunité de briller face au directeur. Du coup, il n’hésite pas à mentir pour se donner un avantage tout en manœuvrant habilement pour ne pas être démasqué.
Dans la fable ci-dessous, un renard aperçoit un soir le reflet de la lune au fond d’un puits. Pensant voir un fromage, il y descend et se retrouve fort désappointé de ne rien trouver et de ne pas pouvoir remonter. Coincé une journée et une nuit, il voit enfin passer son compère le loup. Il lui promet le fromage et l’engage à descendre par le second seau accroché à la corde. Le loup descend et le mouvement de balancier des poulies permet au renard de se sortir de ce mauvais pas.
Voilà un bel exemple de mensonge manipulateur destiné à se sortir d’affaire, quitte à enfoncer un peu plus ses collègues…
Un courtisan peut aussi mentir par lâcheté car il est parfois difficile d’avouer la vérité. Face à un salarié mécontent, il rejettera la responsabilité sur un autre chef, sur une stratégie invérifiable ou fera tout simplement des promesses « de gascon » qui ne pourront être honorées. Il s’en sort ainsi à bon compte, comptant sur la courte mémoire de ses collègues, la roue du destin et son habilité.